Dans l’ex-azur zébré par d’éclatants éclairs, Dans le fracas fréquent Et le sourd grondement d’orage rugissant, Qui tel un tigre griffe, griffe et se rétracte, Un vieux sorcier invoque les puissances iniques, Tandis qu’une orchidée comme une flamme éclôt, Dans son regard de braise, à chaque feu de rage serpentant, crépitant.
Les bras levés en V, Le visage giflé par la violente ondée S’abattant sur les Ardennes, dont la forêt blanchit, Couronne des collines, L’ancien lanceur de sorts, en transes insensées, Rabâche un charabia, ânonné par le nez, La prière attirant les forces tutélaires Qui luttent tout en l’air.
Dans une ferme proche, dans la porcherie close, Un pauvre verrat crève, sous les mots du maudit, Et le cheval frémit, hennit l’irrévocable, Se cabrant de fureur, au blanc rythme hasardeux Des éclats de lueurs qui projettent des ombres Sur le bois de l’étable.
Et le vent s’est levé, ridant les flaques noires, Et les cieux en furie lâchent leur meute blême, Lézardant sans arrêt la toile sans étoiles, Tandis que le maudit retourne en son taudis, Tandis que les chiens cessent de tirer sur leur laisse.