Il regarde la mer, les vagues bleues et vertes, Et le temps qui écume, dans l’air iodé et froid. La mer, cependant, patiemment bat la roche amère, Certaine de sa force et méprisant sans crainte Le ressac incessant, lequel, suprême ruse, l’use.
Lui, sur la grève pâle, entend le vent qui râle, Effleurant le calcaire des falaises stridentes, Tandis que les oiseaux dans les airs désespèrent. Des colliers d’algues fraîches sont passés au cou raide Des rochers blanc nacré, baignés d’onde émeraude.
Il regarde la mer et s’en emplit les yeux, Tel un ivrogne indigne, tète au flacon d’oubli ; Il voudrait que l’esprit traduise sa vision, Mais, c’est là son calvaire : Il ne peut rien écrire sans trahir sa pensée.
Dans les embruns marins, Une larme salée sur sa joue a coulé, Comme un aveu rageur, Et les deux poings serrés gonflent ses poches vides. Comme il aurait voulu avoir ce don des dieux... Comme il l’aurait voulu !
Et pourtant il ignore qu’il a le don de lire, De pouvoir ressentir ce qu’un autre a vécu Et couché sur la feuille. La mer vient, se retire et, sur la grève blême, Vient effacer ses traces, et plante son emblème.