Ze Prose. Les Miroirs
J'avais quelques amis, fous irrévérencieux,
Qui étaient prêts à tout pour se désennuyer.
Où sont-ils à présent, ces miroirs animés,
Ces modèles qu'on suit, qui pourtant nous copient ?
Une exquise alchimie, malicieuse,
Mélange les âmes différentes,
Et pourtant ressemblantes ;
Dans des cornues étranges, des serpentins de verre,
Un savant démoniaque assemble nos pensées,
Qui, par magie, deviennent cette unique essence,
Toute enrichie de nos diverses expériences.
J'avais quelques amis, complices dans l'ennui
D'une vie imposée, pesante adolescence.
Notre union était faite d'affinités de goûts,
D'admiration aussi, pour quelques qualités
Qui font la différence,
Le piment essentiel des personnalités.
A présent, je décide
- ou du moins, je le crois -,
Du cours lent de ma vie,
Mais je n'ai plus de temps,
Je n'ai plus de miroirs,
Et ceux qui me côtoient, sont des appuis fragiles,
Prêts à me poignarder, au gré de leurs intérêts.
Oh, dans quelle cornue,
Dîtes,
Dans quel flacon secret,
Retrouver l'élixir d'un seul regard ami ?
