Il est des jours où l'existence nous pèse Comme une pieuvre immonde ; Telle une hydre de Lerne, aux têtes renaissantes, La laideur de la vie, sans cesse reparaît.
Qu'est-ce qui nous retient, dans ces moments là, De laisser un spectacle auquel nous assistons, Tristes, désabusés ? Qu'un drame nous ennuie et nous quittons la salle, Même si la place coûta quelques deniers.
Mais, il y a toujours un mur qui s'écroule, Un tyran abattu, pour ranimer la flamme, Un pâle et maigre espoir, L'essence de la vie, Ce piment passager.
Le hasard, quelquefois, Fait arriver trop tard l'étincelle nécessaire, Et l'on trouve, au matin, Des trop désespérés pendus dans leur chambre, Ou flottant sur les eaux froides d'un fleuve pollué, Le corps gonflé, bleuté, Battu par les courants glacés Contre les quais sans fin.
Tout va trop lentement et nos vies Sont si courtes, Qu'on ne verra jamais l'âge d'or attendu ; Et, c'est un grand malheur que de le savoir, Car il n'est pas d'alcool suffisamment puissant, Pour effacer le fiel de cette certitude.