L'enfance ne vient même pas pour nous sauver : Dans la cour des écoles, à la récréation, Une bande se moque du pauvre différent, Celui dont le défaut est souvent trop visible Ou qui ne courbe pas l'échine devant un chef.
Affublé, sans ménage, de nombreux sobriquets, Il déchaîne les rires grinçants, les quolibets. En la place du village, dans la rue d'une ville, Un groupe sautillant d'enfants laids et criards, Tourne autour d'un bossu, de vingt ans leur aîné, D'un simplet effrayé par cette troupe hideuse, Cet essaim bourdonnant de lutins maléfiques Et de nains grimaçants.
Il me semble parfois qu'un rire secoue le monde, - un rire acide et laid Qui vient brûler les ailes de nos rêves naissants, Brouillard évanescent -, Et qu'au son ricanant, la Terre tremble et frémit, Remuant, déchaînée par les échos sans fin, Les convulsions bileuses de la cruauté.
Pris dans ce flot amer, dans ce raz-de-marée, Nous rions, nous aussi,