Enfant, les bois inquiètent. Ce calme sylvestre clame le silence angoissant De l'incertitude. Toute la vie est là : chemins multiples Dont on ne sait lequel est le bon.
Dans les prés aux coquelicots, Le regard n'est arrêté par aucun obstacle Et chacun peut voir le but qu'il se fixe Et suivre le sentier qui simplement y mène.
Dès les méandres ombragés, La croisée des chemins offre le fruit acide du doute. Sommes-nous sur la bonne voie ? Trop tard : nous y sommes engagés. Si celle-ci a l'air bonne, Les autres n'étaient-elles pas meilleures ?
Quand bien même la certitude soporifique endormirait Nos craintes, tel un fond de verre de muscat liquoreux Au repas dominical, Le doute, - l'animal immortel qui sommeille au fond de l'homme -, Se réveille au prochain carrefour.
C'est l'instinct qui nous guide, outrageant la raison Et nous trompant autant que la fière orgueilleuse Qui se pavane en vain.
Enfant, on avait la certitude que la vie était Un pré bruissant sous les caresses du vent, Où seules quelques clôtures gênaient la progression. Des voix tendres nous aidaient Dans notre marche trop lente, Menant inévitablement à la forêt et ses sentiers obscurs, Et ses clairières trompeuses, Un bois interminable et qui finit pourtant Sur un précipice.