Il est des mots mourant dans un complet oubli Tels des vieillards muets crevant dans un hospice Qui n’auraient pas d’enfants pour les voir affaiblis Ni même un seul parent durant ce long supplice
Un jour ils ont sombré des livres abolis Disparus de la rue au si vivant langage Au profit d’un terme plus nouveau plus joli Débarqué tout de go sans armes ni bagages
Par chance on ne voit plus de serfs acatis Nous sommes bénastrus de vivre en cette époque Et de parouance plus nul ne s’espasmit Sauf s’il vient à choper bien pire que la poque
Où sont les clerjastres et les saute-ruisseaux La ribaudelle œuvrant dans une puterie Si on veut bien du blé ce n’est plus en boisseau Car tous aimeraient vivre sur leurs renteries
Les Égyptiens pensaient que prononcer un nom Dans l’au-delà sacré offrait au mort la vie Dans d’anciens manuscrits farfouillons et chinons Pour préserver les mots d’une affreuse avanie