La vigne est sans grappes Donc ternit son feuillage On voit les ceps noueux tels des vieux desséchés À la toison blanchie pour leur dernier voyage Sans éclat sans appas sans espoir de péché
Le soleil a perdu le feu de sa jeunesse Vers le couchant son char se sent comme attiré Par le néant charmeur des fatales faunesses La vendange est finie Le vin n’est pas tiré
L’automne est messager des humeurs nostalgiques Quand nos pensées s’encrent d’un funèbre horizon L’ombre envahit l’esprit chassant toute logique Et tous les cœurs s’effraient sans aucune raison
La somme de détails nous chuchote à l’oreille Vois donc le temps qu’il fait et les cieux ténébreux Et la vie sans un port d’où l’espoir appareille La cale toute emplie de songes valeureux
Le détail d’une vigne immense et toute nue Alignant dans le champ les bataillons en rangs Des soldats décatis d’une armée inconnue Revenant dépouillés de rêves conquérants
La vigne est sans grappes Des nuées d’étourneaux S’envolent vers le sud du Mezzogiorno