Qui n’a jamais connu un printemps en automne Ce même après des jours où un sombre éclaireur Clama l’imminence dans la campagne atone Du solsticial hyver souverain des terreurs
Soudain d’une saison le cours de l’an avance Comme si l’on buvait à la source des dieux La mythique fontaine d’éternelle jouvence Qu’en vain on a cherché en tout siècle en tous lieux
Le soleil revenu des enfers tel Orphée Et la pure eau d’azur transmutent le plomb vil Pesant sur le penchant des âmes étouffées Irradiant d’or divin notre sinistre exil
On sait que ce printemps est un feu éphémère Le phénix d’un seul jour par le feu consumé L’ersatz d’éternité n’est rien qu’une chimère Demain l’aube naîtra sur les champs embrumés
Mais ce printemps si bref de l’espoir est le germe Dormant sous la terre durant les jours frileux Et avec persistance en attendant leur terme Pour fleurir sans fracas dès les premiers ciels bleus
Ce beau jour passager vient donc comme un indice Un serment solennel fait aux désespérés Que des enfers glacés reviendra Eurydice Que de notre tristesse on sera libéré