Je relevai la tête et je vis des nuages En rochers-champignons aux strates de gris-bleu Fragiles reflets d’un gréseux paysage Où les corps solides deviendraient nébuleux
Nos rêves sont sans cesse au tangible semblables Se diluant au moindre des souffles pluvieux Aile de papillon entre nos doigts friable Messie nous délaissant en ce bas monde odieux
Quand on voudrait bâtir des empires de sable Que la moindre écume d’un automne venteux Réduit en souvenir en regret immuable Faisant de nous une ombre un errant loqueteux
Nos amours sont aussi de trompeuses images Une tremblante flamme à l’hiver orageux En pâture livrée aux vérités sauvages Toute naissante aurore est un phare outrageux
On se leurre pourtant d’un sublime partage Et d’un voyage à deux vers l’avenir radieux Refusant de songer que l’on peut être otage D’un mirage agitant un espoir insidieux
Alors j’ai regardé vers le sentier d’argile Pour dissiper tout rêve en mon esprit trembleur L’espoir est un Judas jouant nos cœurs fragiles Quand dansent les nuées au charme ensorceleur