Dans l’ombragé ruisseau près duquel je passais Dormait à tout jamais dedans l’onde indolente Le tronc d’un arbre mort qui sans fin pourrissait Sylvestre invocateur de senteurs somnolentes De la nécrose en eau croupie
Ce relent spécifique évoqua un moment D’un passé effacé avec ses espérances De pages ingénues d’un incomplet roman Le récit indécis d’une prime attirance Quand nous gouvernait l’utopie
Je nous revis graver avec un Opinel Sur un vieil aulne un cœur s’arrêtant à l’écorce Croyant y consacrer un serment éternel Et que les ans passant il n’en prendrait que force Dans la quiétude et l’harmonie
Je m’approchai de l’arbre et remarquai le cœur Sur lequel des fourmis rongeaient nos initiales Car l’orgueil amoureux amuse un dieu moqueur Faisant choir les serments dans les ondes glaciales Nos amours sont à l’agonie
Aucun vivant pilier d’un temple d’infini N’a résisté au Temps seul et unique Maître Tout rêve de laisser une trace est puni Car les vents et les pluies se chargent de commettre Les basses besognes honnies
J’ai souri à ce cœur que le temps dévorant À néant réduisait en passions délitées Amours décomposées dans l’éternel torrent Je vous perpétuerai d’une flamme habitées La plume abat les tyrannies