Ghjisè vois-tu ce ciel d’anthracite altéré Qui nous fait cheminer en pénitents de Pâques Les yeux dans le néant et le cœur atterré Avalés et tremblants dans le miroir des flaques
Entends-tu le bourdon quand nous allons serrés Par les rues torturées dans la cité sans âme Que le soleil ne peut ni ne veut éclairer Vers l’abside où le jour verse son feu sans flamme
Le monde dépérit et chavire égaré Tel un ancien crépi qui de toutes parts craque Montrant la pierre nue sous nos yeux effarés Dépourvu de tout cap sans un espoir d’Ithaque
Ghjisè tu le sais bien toi qui nous as quittés Tous les panzarottis ont la saveur maussade Des empires défunts depuis l’Antiquité Dont il ne reste plus que ruines et façades
La procession passe sous les balcons fleuris Avec sa confrérie surgie du fond des âges Portant la nostalgie dont rien ne nous guérit Car la fête est ternie dès que manque un visage