Chibani est chenu dessous son bonnet vert Et va parlant au ciel aux fantômes peut-être Tandis que des jeunots gloussent de ses travers Car il devise encor sans les voir aux fenêtres
Des monts descend un vent glacé comme l’enfer Et il pense au pays qui jadis l’a vu naître Où tout n’était que miel de l’été à l’hiver Tous ceux qu’il a connus traînent ailleurs leurs guêtres
Sont-ils au Paradis ou dans quelque univers Où renaissent les âmes des amis des ancêtres Et où il compte bien retrouver tous ses pairs Quand à ce grand voyage il faudra se soumettre
Il mourra étranger comme hier inexpert En langue de Molière il faut le reconnaître Mais dans son cher pays par un effet pervers Devenu le Français il n’y veut plus paraître