La nuit avait versé dans le vallon ses larmes D’épaisse opacité Les cœurs s’y abreuvaient Faisant trembler l’âme sous l’effet de ce charme Jadis les amoureux enlacés s’y lovaient
Plus tard paraissait l’aube en ce lit de ténèbres Que tous les chants de coq laissaient indifférent Et l’ombre s’attardait plus alliée que funèbre Offrant une heure en plus aux amants s’y terrant
D’automne suintent les branches dévêtues Dont le froid imprègne les champignons jaillis Tels des moinillons en prière impromptue À l’ombre du chêne dans le pré sans taillis
L’été a décampé par-delà les montagnes Le lit de fougères son beau jade a perdu Égaré sa fraîcheur son vert de cocagne Il laisse les amants au froid des jours ardus
Où trouver le vallon ignoré de la lune Quand sur les fougères règne l’Éphernité D’un paradis d’ombre que nul feu n’importune Où les serments brûlent leurs ailes tout l’été