C’est un jardin muré tout resplendissant d’or Et de mauves bouquets dans les vertes allées Où le passé les yeux tout pesants d’oubli dort Dans le calme infini d’une humide vallée
Les seules fleurs poussant en ce lieu retiré Sont des croix oxydées et des tombeaux de marbre Une fois l’an c’est peu pour venir soupirer Sous l’ombrage calme que dispensent les arbres
C’est un funèbre album qui s’ouvre à nos regards Un village englouti dans le pré d’Asphodèle Des noms et des dates qu’on lit avec égard Des parents des amis des anciens nos modèles
Dans l’eau virginale du Léthé tous ont bu Et consommé les fleurs parmi les Lotophages L’oubli est leur dîme l’imparable tribut Un sommeil sans nul songe a payé leur passage
Bientôt nous en serons tremblants nus et glacés Dans les brouillards épais de l’éternel novembre Nous aurons trépassé et serons effacés Quand les pluies transiront nos âmes et nos membres