Au bout de l'allée de cyprès Pancrace est assis au soleil On le croirait en plein sommeil Mais en regardant de plus près Dans l'ombre que fait sa casquette On peut voir ses yeux qui inspectent Poireaux oignons radis courgettes Alignés comme il le souhaite C'est le Lenôtre des bourgades Monet des jardins potagers Avec le soin d'un horloger Il marie choux rouge et salade
Sur sa chaise de bar orange Il regarde ses chats qui chassent Au pied de l'étroite terrasse Il a un sentiment étrange Il songe à sa vie de berger Et au troupeau près de l'étang Il n'y avait pas d'habitants Comme le coin a pu changer Il se revoit pendant la guerre Construisant des ponts d'Algérie En Autriche via l'Italie A la mort il ne pensait guère
Il raconte une histoire drôle Comme les pasteurs en ont cent Et cent pour raccourcir le temps Il récite comme à l'école Les poèmes qu'il a appris Il y a plus de soixante ans Doucement coulent les instants Vers la fin de l'après-midi Au poulailler il descendra Avec son bâton à la main Pas pour s'appuyer pour le chien A la mort il ne pense pas