De pavé en pavé, un passant est passé. Sur les trottoirs crasseux, couverts de papiers gras, Des enfants mal lavés, teigneux, le cheveux ras, Regardent s'éloigner un pardessus froissé.
Un journal en boule, dans le caniveau roule, Jusqu'au pied d'un type réparant son vélo. Les immeubles anciens dressent dans l'air pâlot, Leur crépi délavé sur lequel le ciel coule.
Au loin des cheminées dégueulent leurs fumées Qui forment sur la ville un plafond peint sinistre. Des becs de gaz rouillés répandent dans l'air triste Leur halo maladif, pâle flaque embrumée.
Face au terrain vague d'un immeuble détruit, Un manège vieillot fait tourner sans envie Des chevaux sur un air d'orgue de barbarie ; Sa musique se perd dans l’oublieuse nuit.
Un squelette de bois vers le ciel a dressé Ses branches éplorées dans sa longue misère. Ses racines, en vain, fouillent, fouillent la terre. De pavé en pavé, un passant est passé.