Faudrait-il se soumettre à un arrêt inique Ou lui désobéir et ainsi s’affranchir Quitte à risquer l’ire d’un pouvoir tyrannique Quand on juge que rien ne saurait l’infléchir
L’un de mes deux frères honoré git en terre Lorsque l’autre demeure aux vautours exposé Car il a préféré le camp minoritaire Celui qui ne pourra l’Histoire déguiser
Peut-on croire un instant qu’amoindrie est la peine De savoir l’un honni jusque dans son trépas Que nul est le chagrin par une mise en scène Où les vifs vénèrent leurs pertes au combat
Un drapeau un discours et des lauriers de gloire Et serait abolie toute désolation D’autant que sur les rocs le vaincu de l’histoire Reste aux crachats soumis et aux mutilations
Dois-je vivre en tremblant dans l’ombre d’une cave Ou me dresser au jour au risque d’en périr Sans l’avilissant poids des chaînes de l’esclave Et nimbée du soleil toute gloire acquérir
Demain indocile j’honorerai mon frère Et j’en paierai le prix dans l’éclat d’un instant Par ce geste à la mort je saurai me soustraire Tandis qu’on oubliera ce roi inconsistant