Tous les anges déchus en un flot écumant Contre les barbelés cernant le paradis Balancent la fureur de leurs quartiers maudits Contre le fil d’acier cet injuste instrument
Drapés d'un seul linceul les ongles pleins de terre Ou bien tout dévêtus le corps couvert de boue Vers l'Eden protégé ils gerbent leur dégoût Le jugement divin recèle un noir mystère
L'un d'eux s'avance enfin pataugeant dans la fange "C'est toi qui m'as conçu - oui c'est toi qui m'as fait Et tu es bien fautif si je fus imparfait Coupable d’être né hors des régions des anges"
Tordant hideusement leur rancœur édentée Ils reprennent en chœur scandant ces mots amers La lyre ivre de pleurs tels de nouveaux Homères - Dieu les a entendus dans sa tour argentée
Au tout dernier étage on le tient en otage La légion d’hommes saints prend la croix pour épée Pourfendant sans pitié la stérile équipée Ouvrant les corps en deux voilà leur seul partage
La révolte brisée retourne vers l’enfer Ayant vu et flairé l’odeur du paradis La rage folle au cœur d’un obscur interdit Dans de sombres forges on affûte le fer