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Jean-Pierre LASTRAJOLI

Le Nouveau Siècle. Le garden dédain

Le vent des avenues pourchasse un papier gras
Les maisons en bois blancs aux portes condamnées
Aux fenêtres clouées aux pelouses fanées
Paraissent désertées par tout un peuple ingrat

Le promeneur paumé dans la rue ordonnée
Voyageur dans le temps se devine importun
Dans la ville-fantôme d’un Ouest lointain
Que manque de veine l’or a abandonnée

Or ce n’est pas la mine ou bien encor le train
Qui a vidé les rues et éteint les demeures
Si des quartiers entiers soudainement se meurent
C’est qu’un mauvais génie vient et les y astreint

Tout est ordre et cruauté,
Lucre, crasse et âpreté

Des dieux éphémères du haut de leur Olympe
Ont programmé la ruine et la désolation
Un suicide étonnant nommé spéculation
Propulse hors de chez lui un peuple vers les Limbes

Faramineux calcul dépourvu d’arguments
Des actes d’expulsion sur les maisons vétustes
Semblent le caprice de quelque dieu injuste
Plongeant tous ces foyers dans l’odieux dénuement

L’incurable infection dans la cité entière
Sur les ruines d’hier sa ladrerie répand
La contagion sans fin s’effectue aux dépens
Des gens les moins cotés par la Grande Argentière

Tout est ordre et cruauté,
Lucre, crasse et âpreté

C’est un chaste Caïn qu’on chasse du jardin
Des anges sans pitié amputés de leurs ailes
Appliquent l’arrêté avec fougue et zèle
Les farces de l’ordre bénissent au gourdin

Un prêtre dément lit un nouvel Evangile
Pour un monde égaré dans le temple excité
Soumis à l’Idole frappée de cécité
Souverain parvenu titan aux pieds d’argile

Des engins-Léviathans s’en viennent démolir
Dans un boucan d’enfer des maisons dépeuplées
Une étendue déserte par chacun contemplée
Remplaçant la vie que Mammon fait abolir

Tout est ordre et cruauté,
Lucre, crasse et âpreté