A Port-Saïd, les touristes imbéciles Envoient des pièces, dans les flots léchant les quais, Et des enfants mal vêtus, misérables, plongent, Comme un chien va chercher un bout de bois pour son maître.
Ces bonnes âmes, qui n’ont de blanc que leurs habits, S’amusent à voir leur dispute, Ainsi qu’un Romain au Cirque Maxime jouissait Du spectacle des gladiateurs s’étripant, Pour satisfaire une foule plus féroce que les fauves.
Ces jeux sont aussi écœurants Et je songe à la terrible image de l’enfant Qui, avant-hier, dans une gerbe d’écume s’en est allé, Dans les eaux émeraudes, chercher une pièce d’or. Une brume écarlate a soudain troublé les ondes, Et l’enfant, en hurlant, A resurgi, Se traînant sur les escaliers de pierre.
Un des requins, Qui suivent les bateaux dans le canal de Suez, Lui avait sectionné la jambe droite, Juste au-dessus du genou. En quelques minutes, il s’est vidé de son sang, Me laissant impuissant et rageur contre ces jeux d’oisifs. Sa main a alors relâché la précieuse pièce d’or, Que son frère a ramassé en pleurant, Et je me suis senti très sale.
Tristement sale, Dans ma tenue aussi blanche q Ue celle du dandy lanceur de pièce, Qui réconfortait son épouse troublée.
Ils auront un beau sujet de conversation, Ce soir au bal du consulat.