Je t’écris depuis la terrasse de l’hôtel, Dominant la baie aux eaux claires Et aux rochers qui affleurent, Dents cruelles découvertes par la lèvre de l’onde.
Une barque de pêcheurs passe en toussotant, Rythmant le chant des mouettes Et des vagues sur les galets.
Le serveur en souliers vernis et pantalon noirs, Veste rouge brodée d’or, chemise blanche et nœud pap’, M’apporte un cocktail aux couleurs exotiques, Puis repart en s’épongeant le front.
Le vent joue avec la toile du parasol, Laquelle claque comme une voile gonflée d’orgueil ; La terrasse est déserte : C’est l’heure de la brise de mer.
Les buissons qui se dressent autour des calanques, Frissonnent sous sa caresse : Je sirote le cocktail en regardant l’azur blême Inondé de lumières, l’azur, Vert à travers mes lunettes de soleil.
Tout à l’heure, j’irai au village poster cette lettre ; J’emprunterai le sentier muletier, Où je me tords toujours la cheville, Abîmant mes espadrilles blanches.
Mais, cette lettre la liras-tu, Toi qui t’es tue depuis des mois ?
Oh, je donnerais tous les cieux illuminés, Les baies limpides Et les chants des mouettes dans l’air, Pour imprimer ton odeur sur mon corps, Et boire tes lèvres, ton regard, Pour renouer le fil brisé.
