Alors pour se distraire, Dans les cloaques portuaires, Lorsque les poissons laissent échapper De leurs flancs d’acier la laitance casquée, Les anciens vont au spectacle cruellement drôle Des nouveaux arrivants Avançant sur les pistes poussiéreuses du désenchantement.
Dans la jungle, à chaque passage de rivière, Ils s’amusent du novice qui refait L’inventaire de ses cantines, Pleurant sur l’inutile souvenir englouti Par les flots bouillonnants, Fragment capital d’une civilisation D’où ils ont tous voulu partir Pour des ailleurs meilleurs.
Entre deux accès de fièvre, évitant la morsure mortelle du soleil, Il chassera l’éléphant Pour pimenter d’aventure son désœuvrement, Et envoyer des photos trompeuses aux parents, Aux amis restés au pays.
Poètes, sur la porcelaine du rêve, Vous peignez finement des décors flamboyants, Saynètes idylliques des mondes nouveaux ; Mais que peut la porcelaine Dans des pays où marchent des éléphants ?