Les feuilles s’épandent tels des espoirs déçus Dans les rousses forêts des feux crépusculaires Quand un souffle glacé venu à notre insu Produit ces semailles d’or si spectaculaires
Dans la chambre aux murs bleus ternis tristes et nus Elle lève ses bras de façon singulière Bredouillant la langue d’un pays inconnu Dans son lit pour toujours demeurant prisonnière
Elle hoche la tête avec l’air résolu D’un savoir ancestral seule dépositaire Revivant des moments à jamais révolus Mais son discours sans fin reste un profond mystère
Dans le couloir passent des visiteurs intrus Étrangers dépourvus de grâce coutumière Qui la dévisagent en abjects malotrus Tandis que l’ignore l’attendue infirmière
Parmi ces étrangers un homme est revenu Qui se prétend son fils avec la mensongère Audace des fourbes et ses discours tenus L’agacent sans cesse car cet homme exagère
Elle l’ignore alors sans offrir un refus Parlant à l’Invisible ami qu’elle vénère Elle soliloque dans son jargon confus Comme le font souvent bien des nonagénaires
Jamais le marinier ne reprend le dessus Dans l’écume et la brume où vogue la galère Les feuilles s’épandent tels des espoirs déçus Dans les rousses forêts des feux crépusculaires