Le Poète est puni d’avoir un jour écrit Quelques vers de génie tels de déchirants cris Tous les sonnets suivants ressemblent à un crime Pour n’avoir pas atteint les précédentes cimes
Il faudrait au talent l’heur d’aller crescendo Afin de s’empêcher de porter ce fardeau Sa Muse se montre rarement si commode Aux sommets verbaux succèdent de pâles odes
Nous parcourons parfois avec quelque dépit Les œuvres d’un Génie par endroit assoupi Le thème est moins grandiose ou la fin nous déprime On n’y retrouve pas l’excellence des rimes
Comment divin poète oses-tu le moins beau Quand tu as allumé les plus vivants flambeaux Crie l’outrancier lecteur avide de symbole Dépossédé d’azur il crache sur l’idole
Quand il pardonne à Dieu d’avoir fait les humains Divers et inégaux généreux ou mesquins Car si l’on crache aux cieux en vil énergumène Toujours la pesanteur le glaviot nous ramène