Un vieux meuble ou un vase embellit le salon Chaque jour devant lui passant on s’accoutume Au point de l’ignorer quand nous nous affalons Sur le divan de cuir dévorés d’amertume
Que vienne à nous manquer cet objet ignoré Qu’on a tant oublié durant des décennies S’avérant juste bon à venir décorer La pièce où s’étalait l’éternelle asthénie
Que par un aléa si fréquent en ces temps La babiole abolie à d’autres soit cédée Et voilà que se plaint notre cœur mécontent Notre nature étant par la perte obsédée
Semblable au bibelot s’avère un être humain On néglige un ami pour l’arrivée nouvelle On méprise un amour pour un autre chemin Car ce qui est conquis sans charme se révèle
S’il s’en va il nous manque et l’on veut le revoir Mais s’il revient à nous son arrivée irrite Et l’oxymore humain manque à tous ses devoirs Jusqu’à le perdre encor en raison de ce rite
D’aurores les témoins nous ne comprenons pas Qu’un étranger passant y trouve quelque charme Sous d’autres horizons où l’aube est sans appas La déplorée aurore nous fait verser des larmes
Le meuble ou le vase quittant notre maison L’ami l’amour parti vers une autre contrée L’horizon matinal obsèdent sans raison Car l'âme est avare et par la perte frustrée