Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Viandes

Ah ! Le bif pris entre deux tranches de pain bis
Et le bon gros gigot d’agneau ou de brebis…
L’aile et la cuisse du poulet sont un délice
A rousiller comme un bâtonnet de réglisse ;
C’est bon le jambon cru de Bayonne ou de Jean
Caby (hé oui, comment peut-on s’appeler Jean
Au moment où tous les enfants s’appellent Blaise,
Irma, Zoé, Jules ; Qu’à Dieu ne lui déplaise.)
Vous me voyez écrire un peu n’importe quoi
Et je vous imagine avec un air narquois :
Où veut-il en venir ? Il nous parle de bête
Et il diverge vers un vers qui nous embête.
Rimer pour rimer n’est pas une fin en soi
Et un sujet sans queue ni tête nous déçoit.
Je reviens donc à mes moutons et à mes chèvres
Qui font l’objet de mes soucis et de mes fièvres ;
Je connais ces gens-là : ce sont des animaux
Dont les lèvres n’ont ni rires, ni cris, ni mots,
Le mufle fouillant - à longueur de journée - l’herbe
Et le bec cherchant le ver de terre superbe ;
Il paraît (soi-disant, c’est à vérifier)
Qu’ils occupent leur temps à se fortifier
La panse, le gésier, la joue, l’aile et la cuisse
Pour l’unique et seule raison que l’homme puisse
Les dévorer tués, vivants, rissolés, crus…
(Or, même après avoir bu, je n’y ai pas cru)
Le cochon de Gaston serait donc de la viande
Et de la carne une vache exquise normande !
Ces morceaux de barbaque informe dans les plats
Bomberaient l’estomac des ventres les plus plats
Quand pois, aubergines, carottes et salades
Redonnent la santé perdue par les malades…
Ma petite Marie m’a dit : « Un animal
Est dans une basse-cour à l’abri du mal
Et s’est entouré dans son champ d’une clôture
En harmonie avec son amie la nature ;
Tu le vois arriver en bande au Mac Donald :
« On est prêt, on veut voir le patron Romuald ;
Avez-vous aiguisé la lame au sacrifice
Pour notre amour propre et pour votre bénéfice ? »
L’espèce qu’on dépèce avant le restaurant
(Et même à la maison) ne provient pas D’Oran,
Ni d’Iran, ni d’ailleurs, mais d’une grande usine
Spécialisée aux produits de la cuisine ;
Maintenant, comment ça pousse… Je n’en sais rien ;
Mais, dis papa, c’est quoi, être végétarien ? »
- C’est admirer le cerf, le porc noir, l’âne et l’oie
Et laisser la bidoche au vautour qui tournoie.
Au début, les humains savaient ce qu’il voulaient
Et à la fin, sans faim, ils mangent des poulets.
J’ai des pommes, du blé, des navets, des cerises
Et jamais mon foie ne traversera de crises.
- Papa, encore, ai-je droit au fromage, au lait ?
- Bien sûr ! Et aux œufs durs, à la coque et mollets
Dans une ratatouille élaborée à Nice
Pendant que paît au champ Alice, ma génisse.