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Jean-Michel BOLLET

Vérités, maximes et contraires

On ne doit pas laisser au livre
A révéler la Vérité.
Je cherche en moi ce qui délivre
Des dogmes dont j’ai hérité.

La vie depuis qu’elle est en vie
S’est efforcée de compliquer
Les choses dont j’ai eu envie
Et sans vouloir me l’expliquer.

J’ai pu enfin sanctifier
Mon âme sortie de la fange
En allant la purifier
Dans les eaux putrides du Gange.

Le ciel ne sait pas comment faire
Au beau milieu de l’univers
Pour s’acoquiner à la terre
A part en grisailles d’hiver.

Il est des vérités contraires
Gênant mon bel entendement :
Les sœurs ne sont rien que des frères
Sans l’identique rendement.

L’asticot accepte un repas
Proposé par le plus pourri ;
L’éléphant ne se trompe pas
En craignant le rat mal nourri.

Le méchant brun, le gentil blond
Ne pratiquent pas les mélanges ;
Brune et blonde ont malt et houblon
Pour ravir les dieux et les anges.

Vivre dans le but de mourir
Sert pour le moins à quelque chose ;
Courir pour finir par pourrir
Fait sûrement rire la rose.

Le boire trop, le manger trop
Affectent la bête de somme
Menant le galop et le trot
Pas mieux que le cœur las de l’homme.

Les petits font la nique aux gens
Riches qui jouent des cents des mille
En reprenant leur part d’argent
Chez les impôts où bosse Emile.

La bonne taille de l’humain
Est quand les pieds touchent la terre
Et lorsqu’au bout du bras la main
Peut lui essuyer le derrière.

Le patron avec l’ouvrier,
Le rêve et la réalité
Ne cesseront de s’étriller
En niant la fatalité.

Le pauvre a la capacité
De discerner le juste prix
Sans être atteint de cécité
Sur la gratuité de l’esprit.

Celui qui n’a jamais grimpé
Ne risque pas de retomber ;
Il vaut mieux apprendre à ramper
Et à marcher le dos courbé.

La montagne rit au soleil,
Pleure sous l’averse mortelle,
Frissonne au vent à son réveil
Et dort sous la neige éternelle.

J’avance et l’horizon recule
En emportant sa ligne entière
Car il a peur que l’on spécule
Sur les points qui font sa matière.

L’eau et l’huile ont la même goutte
Venue du palmier et du ciel
Mais si l’une, dorée, se goûte,
L’autre a l’usage essentiel.

On veut des étés au printemps,
Le beurre, la vache et son lait,
Avoir la santé tout le temps,
Etre riche mais pas trop laid.

Le soir est beau quand il descend
Lentement et avec douceur ;
la nuit, dans son noir indécent
Montre un chat gris sans sa rousseur.

Qu’il était beau le temps ancien,
Le nouveau n’a pas sa patine,
Devisait un cartomancien
Féru de la messe latine.

Que soit honni qui mal y pense
De ces âneries sans oreilles ;
Le pain sans fin enflant ma panse
Est le vin tiré de mes treilles.