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Jean-Michel BOLLET

Vénal

Ils veulent m’écouter, ils ont envie, les hommes
De savoir où se vit la grande Vérité
Et le génie dont je nie avoir hérité
Ne pourrait se payer quelles que soient les sommes.

Je peux enseigner chant, caté, beauté, arôme,
Parachutisme, morse, ntempéries, Anglais,
Le triangle secret, le mépris de Lang laid
Qui se fit méchamment le cul botter à Rome.

D’un grand corps en saignant je suis sorti sans trace
Et sans avoir besoin de l’eau du grand bassin
Transportée clairement par le peuple abyssin
Et les habitants de l’île de Samothrace.

Je fus considéré comme un bon militaire,
Médaillé, décoré, acclamé en héros ;
(Bien que le nombre de mes tués fût zéro
Après la dernière guerre totalitaire.)

Je fus récompensé de mille euros, je pense
Que je n’eus pas assez ; Pour être franc, je dis
Que l’amitié que je donne chaque jeudi
Au café « des paumés » m’oblige à la dépense.

Tout le monde est d’accord : je vaux cent lingots d’or
Et des bonus en sus, car je suis plein d’astuces :
Je me rends à Vilnius apprendre Grec aux Russes
Qui m’entraînent le corps à être un matador.

Quel allant et quelle force phénoménale !
Il m’a fallu vingt ans (j’en avais prévu cent)
Pour construire mon plan : dissoudre dans mon sang
Le faible et le puissant dans ma veine vénale !

J’ai toujours combattu le menteur, le vaurien
Alors que je me vends et en Vérité même
Mais, je sens que le vent d’heur qui gentiment m’aime
Pourrait me rappeler que mon cœur ne vaut rien.