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Jean-Michel BOLLET

Triplure

Vers le ciel étaient des têtes tendues
Pour voir se mouvoir trois boules de feu
Que d’aucuns n’avaient jamais attendues
A part les fous de la foule de bœufs

Qui d’ordinaire ont l’œil morne et morose
Le pavillon de l’oreille abaissé
Et là, ils ont tous vu que la mort ose
S’exercer, basée sur son a b c.

Rien de plus simple et rien de plus facile
Que de suspendre dans le ciel du feu
Pour anéantir mieux que le bacille
Le monde vivant pour en faire un feu.

Les bœufs ont mis leur nez dans les cahiers
Qu’ils s’efforçaient de remplir et de lire ;
Mais ils traînaient et tout le lait caillait
Dans leurs mamelles saoulées au délire

Entretenu par le sang chaud de vin,
Le jus vaporeux de gentiane jaune ;
On comprendra bien sans être devin
Que ce cheptel de bovins devint faune.

Le ciel a toujours sa boule de mort
Dont la flamme n’est que l’ambassadrice
Coiffée avec l’or d’un diadème or
Elle n’est pas née pour qu’on s’attendrisse.

Le soleil se voit découpé en trois
Par ceux qui n’ont plus de lait dans la veine
Et reçoit dans le dos un coup de froid
Celui qui ne boit que de la verveine

En mirant le fauve au nez coloré
La face effarée craignant la brûlure
D’un feu que les Dieux ont tous adoré
Qui aurait créé – pour sûr - sa triplure.