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Jean-Michel BOLLET

Tant est tentaculaire

Tant est tentaculaire et tant est titanesque
Un monstre arrivé dans un cauchemar
Du genre louvet noir ou calamar
Vu dans un conte ou une histoire romanesque

Que la journée rend l’esprit malaisé
En découvrant dans l’herbe une chenille
Onduler pendant qu’une cochenille
Piétine et que rampe un ver dans un sol glaisé.

L’aube a des haleines de givre et de froidure
Qui glacent les sangs dans les pulls mohair
Et tremble la peau protégeant la chair
De même qu’endure la glabre et nue verdure.

Le crépuscule a de petits cris de grillon
Que la nuit aspire à petite dose
Quand monte en juin un arôme de rose
Au pied d’un baobab où dort un négrillon

Qui rêve de blés blonds, de cerise et de Seine,
De Toulouse et de Ioutou à Bercy
Où l’amoureux du palais dit merci
De le balconiser en face de la scène.

Bel Africain, aux dents blanches, le cauchemar
Est le décadent occident qui souffre
D’avoir oublié qu’il existe un gouffre
Où grouillent araignée, langouste, crabe, homard

Prêts à le dévorer ; il nie que la crevasse
Laboure les mains en fin de janvier
Mais avril n’est pas plus à envier
Et l’été a la fleur de l’angoisse vivace.

Le cauchemar et le rêve s’aiment la nuit
Pour que la tête du dormeur s’amuse
Qui se réveille en pensant « que ça m’use
Ce constant va-et-vient entre joie et ennui »

Dans le noir circule le drap blanc du fantôme
Enveloppant un monstrueux corps mort
Ou une bête qui griffe et qui mord
Le sujet dont la souffrance est le vrai symptôme

Des cataclysmiques accointances du jour
Avec la laideur dont il s’accommode
(La beauté étant morte et hors de mode)
Et en hésitant à s’accrocher à l’amour

Qui demeure le point, l’objectif à poursuivre
Quand envahit la peur l’âme et le cœur
L’épouvantement du monstre moqueur

Grimaçant en singeant la murène et la vouivre
Eloignées, hourrah, des cornes d’aurochs
Perceuses de peau, pareilles aux rocs.

Tant est titanesque et tant est tentaculaire
La pieuvre géante et le calamar
Que ne présenta pas le cirque Amar
Tant l’horreur sur terre est aussi spectaculaire.

Si le regard a le savoir que dans le noir
Se déplace une vie interminable
Sous les traits d’une faune abominable

Qui conquiert âme et cœur dès qu’approche le soir
En ricanant dans un rire minable,
Le jour montre un monstre inimaginable.