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Jean-Michel BOLLET

Sur la ville pèse

Quand sur la ville pèse un air lourd et poisseux
Et qu’il est malaisé d’aspirer une goutte
De fraîcheur pour calmer le front graisseux, pisseux,
Salé d’une sueur que la bouche bée goûte

Le ciel est supplié d’envoyer une averse,
Une ondée, de l’eau fraîche et un petit grêlon
Mais pas d’orage et rien d’autre qui se renverse
Pour ne pas exciter l’abeille et le frelon

Qui habitent dans les greniers chauds des maisons.
La bagarre, là-haut, semblerait-il, commence.
En bas, si Dieu n’est pas, restent les oraisons :
Oh ! Que la sagesse ait raison de la démence !

Mais, pas de tonnerre et encore moins d’éclair ;
Seul, un nuage gris-noir apeuré détale
Devant un vent vif en ouvrant un carré clair
Sur la voûte céleste et tout l’azur s’étale.

Agen attend de l’eau et jalouse Toulouse
Qui rosit de plaisir sous la froide chaleur
Tranchant sur l’habit rouge et noir d’une Andalouse
Au visage d’une épouvantable pâleur.

La perle du midi moins le quart se ménage
Alors que la place du Capitole agit
Avec le glaçon qui dans l’anisette nage
En domptant le gosier promptement assagi.

S’entend chanter dans la campagne le grillon
A moins que ce soit la cigale de Provence ;
L’air est si sec que le parfum d’un taurillon
Fait dire à tous les nez : l’été est en avance.

La ville, ramassée sur elle s’est ouverte
Et ne peut – c’est tant mieux – d’alentours s’affranchir ;
La vallée du Rhône a une colline verte
Et rien n’interdit le mistral de la franchir.

Et le jour où la pluie décide de venir
Visiter Saint Etienne ou la plaine agenaise,
Les Marseillais seront d’accord pour convenir
Qu’on ne saurait remettre en cause la Genèse

Car la création voulut que les oranges
Fussent à Cordoba, le vin rouge à Bordeaux
Mais, les Parisiens aux têtes de chiens étranges
Disent que la brise souffle sur leurs bords d’eaux.

Ainsi, sont des saisons, des temps de sud, de nord,
De ski à Chamonix et de surf à Bayonne
Et pourtant entre Morre, Avanne et Le mont d’Or
Le soleil est pareil qu’en Andorre et dans l’Yonne.

Pareille est la neige à Oléron et à Garges
Comme la campagne et la ville ont des odeurs
Qui flottent autour des femmes aux hanches larges
Pour aux hommes donner de si belles ardeurs.