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Jean-Michel BOLLET

Souillures

Si la guerre laissa ton bas-ventre pour mort
Enserré dans un corps coupé de sa racine,
Dresse-toi et puis sors, malgré chagrins, remords
En fermant la porte à la soirée assassine.

Grâcile et fragile, tu t’élançais, oiseau.
Une horde de loup, de vautour, de hyenne
S'abattit sur toi, proie frêle comme un roseau
Qui attendait l’amour et rencontra la haine.

Un magma nauséeux empèse tes entrailles ;
Dans ta poitrine, ton cœur sonne le tocsin ;
Mille et mille aiguilles te piquent, te mitraillent
Comme des abeilles réunies en essaim.

Un Feu s'est allumé au centre de ton ventre
Où dort en secret l’or de ta féminité.
L’endroit le plus sacré et l’inexpugnable antre
Fut violé par le stupre et l’obscénité.

Déchirures, vomis, immondices, dégoût,
Rejet, anxiété, peurs, frissons, épouvantes,
Acres pestilences de fumier et d'égout
Jours trop longs, cauchemars, douleurs trop éprouvantes...

Après la guerre rouge où tournoya la mort,
La tempête levée au noyau de ton corps,
Hume l’écume à la légère et blanche mousse

De la vague de mer et ta jolie frimousse
Rosira ses joues en attendant - à bon port -
D’embarquer l’Homme aimé pour de nobles transports.