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Jean-Michel BOLLET

Soleil éternel

Si je gagne la mort, je perds, alors, la vie ;
Toi, tu ne meurs qu’un peu et parfois, je t’envie.
Je te vois – descendant – te vider de ton sang
Et te lever pourtant tout rouge incandescent.

Rôtis-tu, entre-temps, quelques petits oiseaux
Pour franchir un à un les vingt-quatre fuseaux ?
Tu es si bien nourri que j’admire ta force
A calciner l’aubier protégé par l’écorce.

Lorsque tu te sens mal, ton visage tout pâle
N’a pas humé les sels iodés de l’Opale ;
Peut-être as-tu campé dans les glaces du Nord
Où la vivacité du froid mordant t’endort…

Tu t’en viens, tu t’en vas comme un ballon qui joue !
Tu choisis pourtant de montrer ta belle joue
Quand tu l’as décidé, (pas seulement l’été)
Et puis tu disparais dans ta propriété.

Si je savais l’endroit où tu vas te cacher,
Je réfléchirais au moyen de t’attacher
Et en te congelant, j’apprendrais ta recette
Calquée sur la santé en acier de l’ascète.

Tu ne meurs donc jamais ! Mais qui donc t’entretient ?
Mon médecin m’a dit dans un bref entretien
Qu’il est désolant et, hélas, inévitable

De partir en poussière, un jour épouvantable ;
Soleil, sacré martien, tu gardes ton maintien
Avec un aplomb qui te rend insupportable.