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Jean-Michel BOLLET

Si tu reparlais

Si tu reparlais de la pioche et de la pelle
Du soc de la houe du râteau
Des vaches broutant au plateau
Eugène encore sait comment cela s’appelle.

Tu me dis que je suis un peu trop nostalgique
En évoquant mes feux de camp
Mon comportement provocant
Tous les sirops de toux au doux goût d’antalgique.

Si tu évoquais le scoutisme de Fabien
Qui retapait la barbacane
Et soufflait dans sa sarbacane
Pour montrer à quel point il connaissait ça bien.

Je te dis Yohanân pourquoi faisais-tu don’
Un jardin où vit la limace
Quand d’autres font une grimace
Dès que tu leur réponds du bon dieu est-ce un don ?

Je sais que ce que je dis et puisqu’Edmond en rit
J’aide en donnant un coup d’épaule
La chère et bonne Marie-Paule
Qui guide les bœufs quand joue aux dés mon Henri.

Oui je peux aimer les bœufs dans les champs herbeux
Qui regardent ma joue trop rose
Et croient que la pluie ne m’arrose
Que si sont posés mes pieds dans un sol bourbeux.

Revenons à nos coqs nous poules nos moutons
Vaillants dans la ferme d’Eugène
Et sa vache meuglant meuh gène
Les urbains dans leur bain qui percent leurs boutons.

Non restons en raison et prélevons les œufs
Avant qu’ils soient placés en boîte
Et soignons la jument qui boîte
Après avoir glissé dans un gâteau bouseux.

Et si tu reparlais des grappes de raisin
Qui lourdes dorent sous les treilles
Que tu pendais à tes oreilles
Qui faisait rire ton cousin du Limousin.

Je pourrai te parler de la descente aux Gras
En allant dimanche à la messe
Et maman tenait sa promesse
De servir à midi le riz et le veau gras.

Six kilomètres pour un petit de six ans
N’est pas une chose anodine
Et si son papa Jeannot dîne
Lui va se coucher sobre et s’endort en lisant

Michel part-il en corps en balade aux Brenêts ?
Jusqu’en Suisse c’est une trotte
Et rentrant le froc plein de crotte
Il était moqué par l’aîné un vrai benêt

Douze bornes pour un grand loulou de douze ans
Et pour le retour toujours douze !
Puis il enfilait une blouse
Et pelait ses navets dans le soir apaisant.

Tranquillement, au fond du puits le seau descend
Et remonte avec de l’eau claire
Que jamais le soleil n’éclaire
Puisqu’à la visiter rarement condescend.

Mais elle ne parle pas elle se plaît là
Même entassée dans la citerne
Laide avec son métal si terne
Qu’on ne rencontre pas dans une favela.

La gratuité de la pluie discutons-en
Et la neige l’air la lumière
Aspirant la tige trémière
Dont la fleur ira plus haut qu’un gars de onze ans.

Cause-moi de Marcel l’ami du bon curé
Qui dans le poing a de la glaise
Avec laquelle il lave à l’aise
Ses habits ses outils le sol à récurer.

Mardi Emilie s’est mise assise à bêcher
Son potager d’un demi-are
Coiffée rit-elle d’une tiare
En paille qui laisse passer est-ce un pécher
Une averse ah la la venue sans avertir
Et chacun de nous la regarde
Même le chien montant la garde
Réjoui que la pluie puisse nous divertir
Qui dit en aboyant où est l’Indien Fabien
Où sont Edmond, Henri, Eugène
Ayant tous un glorieux gène
Et je trouve oh la la en corps wouah wouah ça bien
Si l’on reparlait du porc et de ses gros os
Qui m’énervaient œil et babine
Et toi mon Yoh de la Sabine
Que tu déshabillais entre joncs et roseaux.

Non je ne parlerai mon bon chien plus de rien
Pas plus de pioche que de pelle
De l’église et de sa chapelle
Sauf d’Ali mon ami un Kabyle algérien.