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Jean-Michel BOLLET

S'en aller de son foyer

S’en aller, décidé, sevré, de son foyer
Pour s’allonger au pied d’un chêne ou d’un noyer
Avant de se baigner dans un ruisseau d’eau claire
Et nager avec le goujon et le gardon
Accueillants, frétillants, qui s’échinent à plaire
A celui qui s’enfuit de chez lui sans pardon.

Se reposer, bercé par la brise au doigt lisse,
Entouré d’un pré tendre où l’herbe humide glisse
Sur le pied déchaussé qui goûte à sa fraîcheur
Pendant que l’œil de Dieu dans les cieux bleus regarde
Avec bienveillance et pardonne le pêcheur
Qui a déserté sans doute aucun par mégarde.

Se renverser la tête et attendre le soir
L’étoile vêtue de blanc qui viendra s’asseoir
Quelque part dans le noir pour montrer sa présence
Et rassurer ainsi celui qui craint la nuit
Remplie des infinis et pour combler l’absence
De la clarté qui dicte à l’esprit ce qui nuit.

Se lever et marcher à l’envers et refaire
Le chemin et pouvoir peut-être satisfaire
Le besoin quotidien qu’espère la maison
Esseulée et pleurant le départ de son maître
Mais tressaille de joie quand en cours de saison
Il pousse la porte et entre sans se démettre

Est un exercice de gentillette fugue
Attirée par l’espace et l’air frais qui subjugue
Sans savoir la douleur qui étreint tant le cœur
De l’altérité qui prit en terre racine
Inapte à suivre le chant du merle moqueur
Et consolé de près par lierre et par glycine

Qui se tiennent au mur pour sa sécurité
Et pour que leur clarté vainque l’obscurité
Qui sévit dans la nuit et en pleine journée
Quand la vitre est noircie par le nuage gris
Et que son âme-sœur est partie en tournée
En compagnie d’un type aux esprits rabougris.