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Jean-Michel BOLLET

Rex

Il est à sa maîtresse et lui dit sa détresse
A coups de langue rose au bas de la cheville,
De regards pleurnichards éperdus de tendresse
Et offre son poil ras à la superbe fille.

Dans mon coin, moi, je grogne et je montre les crocs :
Je suis jaloux d’un chien ! Nom d’un chien ! Suis-je fou !
Jamais je ne la mords et lui fais un accroc
Dans le bas de sa jupe ou lui lèche le cou.

« Rex, viens, beau chien, mon chien, le chien à sa mémère ;
Donne-moi la papatte et ce sucre est pour toi ;
Qu’il est fou ce toutou ! Tiens, voilà, mon pépère !
Va chercher la baballe » Ah ! Quels propos courtois !

Je suis là, je souris jaune et voudrais tuer
Ce bâtard d’animal appelé par son nom.
Rex, au pied, Rex, couché ! Elle me fait suer ;
J’ai trop mal : je l’aime : s’en doute-t-elle ou non ?

Sait-elle qui je suis à part « monsieur bonjour »
Alors que je ne ronge un seul os dans sa main ?
Je me mets dans son ombre à la tombée du jour
Et fume ses mégots jetés sur le chemin.

« Veux-tu, Ami Swany (Je rêve) une caresse,
Sur la joue, les genoux ou dans tes cheveux bruns ?
Oh, non, maîtresse, oh, non, accroche-moi la laisse :
Je vais te guider et respirer tes embruns.

Laisse-moi habiter juste dans ton sillage
Et je me nourrirai de ta déjection,
De ton vomissement, de ton dégobillage
Et je t’offrirai la plus belle érection.

Rex, je n’en ai pas l’air, mais c’est plutôt bien, l’homme ;
A la métempsycose, on change les talents :
Je flaire, ventre à terre et tu croques la pomme.

Tu remues la queue ! Ce n’est pas vraiment galant !
Je ferai un peu mieux avec ton chromosome.
Meurs et nous deviendrons tous deux ambivalents.