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Jean-Michel BOLLET

Pleure mon coeur

Pleure mon cœur jusqu’à ce que mon œil te voie
Pleure mon cœur, pleure jusqu’au clair de mon œil
Pleure et prends le chemin étroit, la bonne voie
Et quand tu y seras, vas-y, franchis son seuil
Et ne crains pas qu’il te renvoie.

Laisse-toi glisser – doux - sur la joue veloutée
Ô mon cœur, abrité tendrement dans ton pleur
Et goûte à une joie que tu as redoutée
Lorsque tu étais arc-bouté sur la douleur
D’une misère inécoutée.

Qui t’entendait mon cœur battre dans ma poitrine
Aussi faiblement qu’un petit cri de pinson
Qui, sorti de son nid, heurte et glace et vitrine
Dans la dureté de la ville sans buisson
Où le bien au mal s’endoctrine ?

Qui te voyait trembler sous les os, dans ta cage
A part le va-et-vient lancinant de ton sang
Aspiré, refoulé, en gai concubinage
Se conduisant en un parfait adolescent
T’aimant comme un vrai personnage ?

Hé, mon cœur n’aie pas peur, ce pleur est une larme
T’emportant sur la blanche eau de son flot léger
Qui, coule, petite boule et roule sans arme
Autre que d’essayer de bien te protéger
Après ton premier cri d’alarme.

Ô mon cœur, ton pleur est un ami éphémère
Qui séchera très vite après être sorti ;
Toi nu redevenu, l’œil tendre d’une mère
Verra ton rose avec ma joue blanche assorti :
Ta peine sera moins amère

Car la joie d’une mère ou de toute autre femme
Est de voir battre un cœur même pris dans un pleur
Et quand se meurt le pleur alors le cœur s’enflamme
En faisant naître sur la joue pâle une fleur
Dont la graine provient de l’âme.