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Jean-Michel BOLLET

Ô Sainte couronne

Je rêve de l’avoir tout en haut de ma tête
Vers mon auréole de béat innocent,
Ma couronne en épine, en clou et en arête,
Tressée-sanglée de nerfs de bœufs trempés de sang.

Je la sens au profond qui perce le cerveau
Et toute ma pensée, mon angoisse, mon doute ;
Je la sens, (et souvent, je beugle comme un veau)
Pincer les circonvolutions sous la croûte.

Ah, comme mes douleurs, révoltées, sont en crise
Sous les assauts pointus de ce médicament
Qui pénètre ardemment dans ma matière grise
Pour en ressortir sans le mal et le tourment.

Couronne, sacre-moi et fais de moi un roi
Dont la Foi et la Loi les retirent du rêve ;
Dans ta tour de torture où se dresse ma croix,
Circulaire armature, allez, va fais que crève

Ce bouillon de bulles qui vont par millions
Agiter les bulbes pour en faire une pâte
De pus et de goudron couvrant mille lions,
La griffure efficace au bout de chaque patte.

Ô, couronne écrasée entre le Toit et moi,
Montre tes doigts de rat pour que la terre ronde
Les voit et sache que je n’avais pas le choix
Entre océan et mer et entre vague et onde.

Ô, saint anneau qui ceint mon front tronqué qui luit
Au plain-chant des clameurs, de sueur, de vergogne,
Ignoble anneau faraud, ami avec la nuit,
Le truand, le salaud, l’ivrogne et la charogne,

Couronne piquante aussi que la grande ortie,
Adoube-moi du rien qui me fit être humain
Frondeur et délétère, à l’âme pervertie
Qui n’a jamais su où était le bon chemin.

Groggy, abasourdi, me voici somnambule ;
Viens, accroche-toi et suis-moi à mon sommet
Ensanglanté où je tomberai ridicule
Pantin, né De Guingois, que cependant j’aimais.