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Jean-Michel BOLLET

Nos inutilités

Quand tu es mal portant et recroquevillé
Sur ton infirmité que tu dis maladie
Dévorant ton dedans qui dehors irradie,
Songe à l’absurdité de ton corps chevillé.

Vois-tu le grand soleil de ton pauvre œil aveugle ?
Sens-tu le sapin vert ignoré par l’hiver
Et le chatouillis de la plume au vent de fer ?
Entends-tu le taureau qui sur la vache meugle ?

Quels sont les pensers flous qui habitent ta tête
Nageant dans un bouillon où cuit la déraison
Quand après la moisson survient la fenaison
Et que toute l’année le veau sa mère tète ?

Pauvre de toi égal autrefois au génie
Analysant le chaud crottin sous le cheval
Qui transpirait, soufflait quand il grimpait le val
La crinière mouillée par la suée bénie.

Ris des cent océans, des monts blancs et des neiges
Qui restent au printemps pour les couples d’amants
Et des étoiles qui dansent au firmament
Luisant dans les yeux des enfants sur les manèges.

Songe au lys, au lilas et regarde la rose
A peine éclose qui sait se tenir debout
Et même dans la boue, car cette beauté ose
La joie de se montrer tout partout sans tabou.

A quoi servent le buis, le romarin, le thym,
Aujourd’hui vivants et demain pris par la terre
Sinon à les humer tant que leur caractère
Les maintient avant qu’ils nous quittent un matin ?

Ô, inutilités dont il est peu friand
Endiguez son orgueil bâti en faux empire ;
Restez pour éviter que sa souffrance empire
Et faites que son œil s’entrouvre en souriant.