Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Nobac

S’il n’a pas le bac suivi de plus six
Son potager a cent pieds de salade
Qui croissent entre radis et cassis
Sans avoir rendu personne malade.

« Je sais retourner, sillonner, biner
La terre noire à qui je donne à boire
Et sans me presser mais sans lambiner
Je sème assez pour surseoir au déboire. »

Il eut aisément son certificat
D’expert jardinier en belle laitue
Qu’il soulève d’un geste délicat
Quand le profane l’arrache et la tue.

Il n’obtint pas le baccalauréat
Mais décrocha le soleil et la lune
Qu’un Dieu méconnu aux doigts d’or créa
En donnant à l’un ce que n’eut pas l’une.

Son métier s’achève au pied du grand soir
Quand vient le voir son ami rouge-gorge :
« Petit homme, il est l’heure de t’asseoir,
Moi, je vole et toi tu t’appelles George

Courbé sur le sol en parlant à la
Plante muette et que tu sais sensible
A ta voix ainsi qu’à celle d’Allah
Trouant le cœur qui se croit invincible.

Il n’est pas besoin de passer le bac
Quand l’enfant apprend la langue des anges
Qui s’écoute dans une oeuvre de Bach
Et dans le chant des pinsons, des mésanges. »

Le volatile cligne alors des yeux
Et se pose sur une feuille verte
Qu’il découpe un peu et l’emporte aux cieux
Où le paradis a sa porte ouverte.

George retourne à sa maison sans rien
D’autre que des pleurs intérieurs que verse
Son âme pure de naïf terrien
Qu’un échange avec l’oiseau bouleverse.

Si George s’était fait nommer Armand
Et l’oiseau si beau merlette ou fauvette
Les deux trouveraient sûrement charmant
Qu’une salade s’appelât Yvette.

Pour le rouge gorge et George les vers
Ne sont beaux et bons que vivant en terre
Au chaud, bien couverts, étés comme hivers
Et déshabillent Malherbe et Voltaire.

Si la vraie culture appartient aux champs,
Tua le bouillon de Louis la rage ;
Les savants ne sont pas des gens méchants
Mais voudraient faire barrage à l’orage.

Lui, possède un bac rempli de bonne eau
Qu’il sert à boire à ses plantes paisibles
Et sait qu’il n’est qu’un pauvre péquenot
Au comportement incompréhensible

A l’esprit fin des cadres diplômés
Installés dans la strate supérieure
Conscients, pourtant, de s’être formés
A élaborer la graine meilleure.