Vos
poèmes

Poésie Française : 1 er site français de poésie

Vos<br>poemes
Offrir
ce poème

Jean-Michel BOLLET

Ne copie pas l'homme et imite Dieu

Crois-moi, ne copie pas l’homme et imite Dieu
Qui peut faire éclore des fleurs bleues dans tes yeux
Et délaisse le lys, la rose et la jonquille
Auxquels tu plais quand ta pupille s’écarquille ;
Ne mets rien dans la main de celui qui la tend
Et ne lui dis pas le joli mot qu’il attend ;
Que ta bouche se ferme aux ailes de la mouche
Vibrionnant autour de ton nez qui se mouche
Et si tu sens au ventre une paire de vers
C’est que ta gorge vient d’avaler de travers.
Avec toi, s’endort ta faim quand elle se couche
Et se réveille avec toi au pied d’une souche
Qui fut un cerisier ou un mirabellier
Heureux d’avoir connu chèvre, mouton, bélier.
As-tu besoin de te comparer ? Vois ta force
Aussi puissante qu’un chêne sous son écorce.
Ne jalouse pas le torse des bûcherons
Agressé par une nuée de moucherons.
Comme Dieu, tiens-toi seul, regarde, écoute, veille
Et quand vient le matin, souris : la vie s’éveille
Dans le hennissement fougueux des étalons
Qui galoperont plus vite que tes talons
Posés l’autre après l’un sur les brins d’herbe verte
Tapie sous la rosée dont elle est recouverte.
Reste très concentré sur les essentiels
Et méfie-toi des faits événementiels
Affectant le plaisir de l’immédiate joie
A voir un canard vert baiser une beige oie.
Le vent se lève autant dans la nuit qu’au matin
Pendant que ton corps vit dans des draps de satin :
Demeure donc. Pourquoi partir ? Est-ce que l'eau
N'est pas la même au ru courant sur le roseau ?
Les paysans parlent - en verlan - des campagnes
Qui tutoient les monts ronds rabrouant les montagnes
Si près du tonnerre venu après l’éclair
Foudroyant la noirceur du ciel de son trait clair.
Ne copie pas l’homme et admire la Nature
Aux éléments divers exempts de signature
Mais aux noms sus par veaux, oiseaux et bécasseaux,
Chevaux, rats d’eau, mulots et castors des ruisseaux,
Par les forêts : ohé le chêne, ohé le hêtre
Avez-vous le matin toujours cette envie d’être
En allant sereins vers le voile noir du soir
Qui vous couvre avec le bruit prié de s’asseoir ?
Et toi, tiens-toi debout sans partir en voyage ;
Il te suffit de voir les nuages sans âge
Surplomber les maisons, les rivières, les monts
Et derrière eux, Dieu a les yeux sur les démons.
Crois-moi, ne te fie pas aux paroles de l’homme
Qui ne connaît même pas comment il se nomme :
Hé, trucmuche, hé machin, hé le gros, hé l’affreux
Alors que la pie sait ce qu’est un corbeau freux
Et qu’au ciel, chaque Saint a le prénom d’un ange
Qui pour l’Eternité de Dieu jamais ne change.