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Jean-Michel BOLLET

Mon petit bois

Mon petit bois est à moi et à l’oiseau-roi,
Au moineau, au corbeau, au merle, à la fauvette,
A des noisettes, des noix (au moins trente-trois)
Et j’oublie ceux qui sont partis à la sauvette.

Je me « noie » dans mon bois surtout par un grand froid
Quand mon gros poids casse la glace de la mare
Qui vit en contrebas et par ma foi je crois
Que grenouilles, tritons et têtards en ont marre.

Ne pensez pas que je grimpe pour voir les nids
Remplis de petits cris sortis de cous fragiles ;
Ces mignons oisillons sont sacrés et bénis
Par leurs parents aux becs et aux serres agiles.

Je passe le matin et les entends piailler
Pour réclamer graines, baies, vers et araignées
A leur mère assidue à les ravitailler
En usant ses quatre veines qu’elle a saignées

Mais quand ses ailes sont retournées, les clameurs
Redoublent de vigueur ; les petits crient famine
Comme s’ils étaient les victimes d’affameurs
Unis pour leur donner une mauvaise mine.

D’un fouillis d’arbrisseau, surgit un renardeau
Qui lève la tête et glapit jusqu’à la cime
De l’arbre porteur sur ses branches d’un fardeau
De feuilles, de fruits que l’intempérie décime

Ainsi qu’un prédateur le montant par son tronc
Passant pour visiteur mais qui en douce explore
Le gland ou le marron, le minuscule étron
Conduisant au nid où une vie vient d’éclore …

Mon bois se parfume à la fraise et au buis vert
Espéré aux Rameaux levé haut par la foule ;
En bordant les allées de l’été à l’hiver,
Pendant des années, sa vie heureuse s’écoule.

Habite derrière chez moi, ce petit bois
Qui s’entoure d’oiseaux, de renards, de fougères
Et parfois je croise un chien sans loi aux abois
Après avoir vu des espèces étrangères

Arrivées, poussées par la curiosité
Qui se sont installées près d’un buisson de mûres,
Au pied d’un marronnier sans animosité
Et dans l’air frais courent chuchotis et murmures…

Une asperge sauvage et un long champignon
Se toisent, se défient puis paraissent se plaire ;
A terre, marrons, glands, faines, même un pignon
Venant d’un pin lointain en un seul exemplaire

Amortissent mes pas à l’entrée d’un terrier
Soigneusement creusé autour d’une racine
Et, m’accroupissant, je vois les yeux d’un guerrier
Me fixant, lumineux et leur cran me fascine.

De mon bois-roi, je bois goulûment les douceurs
Aux cent mille senteurs transportées par la brise,
Humées par les pic-verts, ces perceurs-écorceurs

Qui trouent un tronc en rond pour affronter la crise
En cherchant – toc, toc, toc - la main de l’aliment
Qu’il attrapera sans un joli compliment.