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Jean-Michel BOLLET

Mon chemin bohémien

La faim, le froid… La marche au hasard dans la rue
Avec des chaussettes trouées dans les souliers
(offerts pas un frère aux bienfaits vite oubliés)
Prenant la pluie glacée quand elle tombe drue.

Et l’odeur… Bordel de dieu que je peux puer
De tous mes trous d’enfer et du creux de l’aisselle,
Des pieds au relent de blanc fromage en faisselle
Effrayant le nez d’un bouc jusqu’à le tuer.

Je suis un Jean Valjean, un pouilleux écoeurant
Dont les seuls amis sont la crasse et la vermine
Grouillant impunément dans ma toison d’hermine
A la manière d’une armée de conquérants.

Me voici devenu une grossièreté
Dont la viande en lambeaux est en partie pourrie ;
La meute affamée des chiens-loups sera nourrie
Par mon inconsistance et ma légèreté.

Ma mère ne me sait, ni ne sait rien mon père ;
Personne n’a rien su, sauf un magicien
Qui changeait l’eau en vin et un milicien
Adorateur d’un peuple en perte de repère.

Déchet d’humanité, en marge de cahier
Où les zéros en soin m’obligeaient à écrire
Cent fois « je ne vaux rien et je ne fais que rire
Au lieu de m’appliquer et de bien travailler ; »

Je ne fis pas d’effort pour fuir devant les choses,
Mais, je sais, en tous cas, qu’on ne peut pas m’ôter
Ma belle liberté, mes printemps, mes étés,
Le souvenir vivant du lourd parfum des roses.

Dans mes dégoûts d’égouts, je peux toujours humer
Une odeur en viager là où Maxime habite
Qui passe me dire « elle était maxi ma mite
Désormais rétrécie : je l’ai trop fait fumer. »

Mon chemin bohémien est mien et il est vrai :
Je vais chantant, pleurant, souffrant sans que je trie
Rien de mes vingt-cinq dents dans ma bouche qui prie
Dieu qu’il me laisse un cœur joyeux, candide et frais.