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Jean-Michel BOLLET

Millions de flocons s'unissent en neigeant

Les flocons de neige ont entamé leur descente
Pour voir et savoir si le sol est accueillant
En s’étant vêtus sans tenue blanche indécente
Dans un déplacement lent et moins que bruyant.

Ils se côtoient dans un impressionnant flot
Que chemin, champ, vallée, prairie, mont, terre ou tuile
Accueillent tout heureux de toucher un beau lot
Egal à la mer calme ondulant sous une huile.

Leur voyage souvent se déroule la nuit
Afin de provoquer au matin la surprise
D’un Sudiste qui n’a pas l’habit de l’Inuit
Pour affronter le froid placé sous leur emprise

Mais qui se réjouit de ce blanc couvrement
Aplatissant couleurs, ampleurs et salissures
Dans un tableau unique et pour le coup vraiment
Dérobant à la vue les plaies des meurtrissures.

Cette armée pacifique est l’amie des enfants
Sur laquelle ils glissent en la rendant si lisse
Que ces jeux interdits le sont à biche et faon
Moins habiles qu’eux et retors à ce supplice.

Egale le flocon, la larme d’océan,
Le pore, le cheveu, la fine particule,
Faibles seuls et que le nombre a exaucé en
Les unissant dans un ensemble majuscule.

La neige est composée de petits éléments
Rassemblés comme les fils de la couverture,
Les atomes d’eau de l’imposant lac Leman
Et la nuée des cieux dont Dieu fait l’ouverture.

Les frères humains, les terriens sont moins nombreux
Et n’ont pas la même densité gigantesque
Mais ils sont plus guerriers et plutôt plus ombreux
Puisque usés à brûler dans un enfer dantesque.

Ah ! Si seulement ils avaient le front neigeux,
Blanche serait leur âme et fraîche leur haleine
Mais s’accordent leurs corps à des cieux nuageux
Quand les gouttes de mer grisent orque et baleine.

La neige ne veut pas tomber, elle descend
Apporter lentement ses milliers d’enfants sages
Aux cheveux, au pores, aux atomes de sang
Tous unis, tout petits, aux semblables visages.

Ah ! Si seulement les humains se savaient rien
D’autre que crins hennins foisonnant sur leur tête
Que ne peut épiler un major Saint Cyrien
Tant leur quantité le conduit à la défaite.

Les gouttes, les larmes, les nuées, les flocons
De neige - oh la neige à presser entre les paumes
Et non à enfermer dans de longs ronds flacons -
Se donnent pour faire grandir l’âme des hommes.