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Jean-Michel BOLLET

Mes chants sucrés-salés

Il jubile en goûtant le miel d’aimées chansons
Qu’il écoute à longueur de journée dans sa chambre
Embaumée d’essences de patchouli et d’ambre
Où n’entre pas un air porté par mes chants sont

Moins sucrés plus salés que ceux d’Escudero
Ou de Georges Brassens et d’Anne Vanderlove
Mais je suis sans doute un peu ce guérillero
Qui prononce amour à la place du mot love

Ma chambre est ouverte aux vents des points cardinaux
Qui me soufflent n’as-tu pas froid à ton oreille
Dans ta cabane en bois remplie de marginaux
Qui pensent que leur vie à la tienne est pareille

Ils ont lu comme toi Zola, de Viau et Cros
Et composent des airs en mélangeant leur prose
Avec de jolis vers garantis sans accrocs
A mettre incognito au pourtour d’une rose

Je jubile et partage avec ces doux zozos
La joie de raconter proprement sans bavure
Ce que le vent vient dire à un couple d’oiseaux
Nos sifflements si beaux se passent de gravure.

Ils s’en vont dans le temps sans besoin de dessin
Sans toile sans pinceau sans tableau en peinture
Ils ne sont que des mots chantés dont le dessein
Est de s’enraciner dans leur mono culture

Mes chants sucrés-salés mes amis les ont dits
Avec la mélodie qui soutient la parole
Un peu prose un peu vers et les sons ont bondi
Ainsi qu’un moineau pris dans un puits de pétrole

Dans ma cabane en bois sans musc et patchouli
Viennent me flairer loir, renardeau et marmotte
Qui dorment avec moi et la pluie dans mon lit
Me réveillent sans mettre un index sur remote

Je leur parle et aussi aux zozos aux oiseaux
Qui m’inventent des chants uniquement visibles
Par le cœur et l’esprit qu’ont longs joncs et roseaux
Bordant le proche étang repoussant les nuisibles.

Comme Hugo n’était pas jaloux de mes chansons
Puisqu’il ne fut pas dans la joie de me connaître
Et je n’accuse pas Zola les méchants sont
Pas encore tous nés mais s’apprêtent à naître.

D’ailleurs, pour dire la vérité, moi je n’ai
Jamais rien composé qui en valait la peine
Et si vous me voyez dans mes recoins gêné
C’est que je ressemble à Tristan Corbière à peine.