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Jean-Michel BOLLET

Masque à rat

L’église appauvrie, le psychiatre s’enrichit
Et son cabinet sent la puanteur diffuse
Arrivée de la rue où l’air pur réfléchit
A entrer où est née une pensée confuse
Phagocytée par les parasites teigneux
Se reproduisant dans une bouillie infecte
Pour aller s’installer dans un pli dédaigneux
A discriminer le faux-ami qui l’affecte.

La putréfaction conquiert tout le relief
Et s’engage dans les trous de nez, de la bouche
En quittant peu à peu l’espace clos du chef*
Puis mue en devenant la verte merde à mouche
Qui bourdonne et volète et répand son relent
Jusque dans la cuisine où sévit le psychiatre
Qui joue au poker et tient en mains un brelan
Face à des cartes qui font un carré de quatre.

Les volants lumineux s’étreignent « nous lavons
Eu le charlatan dont le jeu consiste à perdre
Le pari de guérir alors que nous lavons
La tête des passants par nos pattes de merde,
Le fard rose des joues, des cils le mascara,
Le rouge à lèvres qui couvrent l’insuffisance
De leur confiance comme le masque à rat
Occulte la laideur vue par la médisance.

Nous, mouches, transportons dans notre sac à dos
Le poison qui a mis un joli terme au maître
Affirmant « les amis, la vie est ça : cadeau
De degrés empilés haut sur le thermomètre. »

Nous volons de victoire en victoire et savons
Que l’immondicité** envahira l’empire
Des pays usés à se laver aux savons
Tellement astringents que la souffrance empire.

Le psychiatre enrichi et l’église appauvrie
Sont l’exemple avéré des transferts de « valeurs »
Faisant que maintenant il faut bien que l’un rie
Pendant que l’autre émigre au pays des malheurs.

* Tête
** néologisme