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Jean-Michel BOLLET

Ma trotte est sortie d'une grotte

J’ai sorti de sa grotte une trotte électrique
Avec son panier en métal, sa selle en cuir
Et sa puissance qui fait les pépères fuir
Après qu’ils frappèrent leurs fils à coups de trique.

Je viens de recharger sa batterie de dingue
(Un mot remis à la mode par un voyou)
Et quand je roulerai j’entendrai le youyou
De Rachida qui veut faire peur au valdingue.

Bien sûr qu’à septante ans épouser un bolide
N’est pas commun dans un pays conservateur
Qui de cultivateur finit observateur
Avec l’assise il va sans dire peu solide.

Je dépasserai le camion et la voiture
Ainsi que le cheval de trait d’un ami dont
Se tient bien le crin blond sans un poil d’amidon
Quand il grimpe le mont surplombant ma toiture.

Je me dis ha ha ha je suis du nouveau monde
En accord symphonique avec papa Dvorak
Qui ne sut pas que les créateurs d’anorak
Seraient supplantés par un nouveau monde immonde

Je n’aime pas le vieux bien que de race vieille
Puisque je vais mourir incessamment sous peu
A cause de mon cœur mais mon jeune esprit peut
Montrer à tout gâteux que mon œil la nuit veille

Moi le noir pour le voir je me lève avant l’aube
Et je vais sans souliers à pied jusqu’au marché
Qui n’est pas arrivé et je passe par chez
La femme du boucher qui n’est pas de la daube

Annie me fait courir et me dit viens m’étreindre
Mon mari qui n’est pas là fait le maquignon
Bois un café serré et croque ce quignon
De pain pour que ton sang brûlant n’aie rien à craindre.

De courir assez j’ai je m’essouffle et ma trotte
Ne mesure pas la longueur de son secours
Et je ne m’essaierai pas à faire un discours
Sur l’engin zigzaguant entre l’homme et la crotte.

Je suis un as féru du mono gyropode
Aussi rapide que l’ancien vélosolex
Qui étincelait tels deux cailloux de silex
Eclairant le gros dos d’un beau gastéropode.

Escargot, salut ! Tu verras ma trottinette
Te frôler la corne où elle range son œil
Et prépare ta bave à revêtir le deuil
De l’écrasé dont tu humectais la binette.

Je ne suis pas méchant et pas bête peut-être
Et je ne consens qu’en avançant sur mon temps
A me détacher de tout surtout en montant
Le mur de vanité qui triste et gris peut être.