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Jean-Michel BOLLET

Les platitudes

Les platitudes plus n’étaient des platitudes
Quand elles posaient à l’apogée des sommets
Enivrées par un vent d’air frais qui leur sommait
D’exacerber sans se priver les altitudes.

Elles ne désiraient plus raser mer et terre
Par morte peur d’entrer loin dans leur profondeur
Et ne se livraient qu’à un rôle de sondeur
Qui juge à l’épaisseur des murs un monastère.

Délaissant le statut mollasson de la crêpe
Elles sont devenues âpre pain campagnard
Contentant la grande gueularde d’un bagnard
Affamé d’une fille à la taille de guêpe.

Luc sortait avec une ancienne platitude
Qui ne pêchait qu’ablette et ne chassait qu’ennui
Et un soir de mai, seul, il sortit dans la nuit
Et tombant sur Croc-Blanc, il changea d’attitude.

D’entrée de jeu, il eut une approche craintive
Car l’animal avait toujours ses bas instincts
Mais se ressaisissant, son corps droit se maintint
Et le mi-chien, mi-loup eut une voix plaintive.

Après quelques regards passant sous la ceinture,
Les antagonistes serrèrent patte et main
Et la platitude vit la bête et l’humain
Dans un tableau digne d’être mis en peinture.

Alors, elle monta sur la même montagne
Pour tenter d’étouffer sa médiocrité
Et l’aigle noir dans sa supériorité
L’attendit et lui dit « Hé, je te raccompagne ? »

Mais, elle avait du mal à expirer un souffle
Pour contrer le souffle de l’imperfection
Empestant fortement l’air d’une infection
Contenue dans l’orgueil dont elle se boursoufle.

Patient, le rapace espéra sa victoire
Et la platitude à ses fins – enfin - parvint
Comme mille ans font en multipliant par vingt
Cinquante années passées à meubler une histoire.

Et la plate fadeur adoubée par un aigle
Dora son odorat et sala sa saveur
Pour être à la hauteur et avoir la faveur
Du blond épi de blé qui persifle le seigle.