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Jean-Michel BOLLET

Les murs ont des oreilles

Lisait-il mes écrits ? Cette pensée me ronge
Et quand je l’invoquais, je l’appelais Inri ;
Il se dressait parfois au long d’un profond songe
Devant moi et je crois qu’un soir il m’a souri.

Au début non choisi, il devint mon ami
Assourdi par mes cris roulant dans la détresse
Emportant ma fureur ainsi qu’un tsunami
Inondant le pays dans sa vague traîtresse.

Ce n’est que bien plus tard, avec quelque retard
Que j’eus une réponse accordée par le nonce :
« Je te le dis sans fard, tue en toi le bâtard :
Au cœur de tes ronces, ton paradis s’annonce.

Il n’est pas de doute que la plus fine goutte
A raison de la pluie qui la toise de haut ;
Reste donc à l’écoute et vois si ça te coûte
De ramper ventre à terre et de laper de l’eau. »

Je me rappelle le malaise et le vertige
Que j’avais éprouvés quand je fus emmené
En haut d’une falaise à deux pas du vestige
D’un bunker épargné en baie de Douarnenez.

L’horizon était loin, je ne distinguais rien
Qu’une espèce bleutée qui semblait immobile :
L’oiseau n’était qu’un poing, je n’entendais pas bien
Son cri et tout à coup, je vomis de la bile.

Attiré par un lieu où sur un arbre en croix
Un mi-nu a dans les mains, les pieds, une pointe…
Il me dit « viens vers moi, est-ce que tu me crois
Si je fais vivre un corps auquel son âme est jointe ?

Approche et plaque ton oreille sur le mur…
Entends-tu l’aigu chant de la baleine verte
Que personne n’entend à part un esprit mûr
Sûr que la porte des océans s’est ouverte ? »

Je m’exécutai donc et le cri du silence
Bourdonnait sourdement comme un frelon captif
Dans un ventre brûlant atteint par une lance
Qui a cru tuer Dieu et son Fils adoptif.

Je compris où était une et indivisible
La Vérité cherchée dans la grande hauteur
Et loin du laudateur ; elle était invisible :
Inscrite dans mon cœur par le meilleur auteur.